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Le 6 juillet 2021,
Paris - Auditorium SMABTP

Le chantier, un déterminant de la qualité de l’air intérieur

Le chantier, un déterminant de la qualité de l’air intérieur

[Dossier santé] #15

par Communication ADEME / " 2020-12-09 13:00:00 / France / # 102

Enjeu majeur de santé publique, la qualité de l’air intérieur (QAI) doit être pensée à toutes les étapes du projet de construction ou de rénovation, y compris par les entreprises et artisans en phase chantier. L’ADEME, en collaboration avec le bureau d’études et de conseil Medieco, a soutenu le développement les Ateliers AIRBAT® pour proposer aux entreprises une action de sensibilisation pédagogique à la QAI avec un concept innovant.

Contexte

Une mauvaise qualité de l’air intérieur peut engendrer des effets plus ou moins néfastes sur la santé des occupants à court, moyen ou long terme, selon les types de polluants impliqués. De nombreux polluants retrouvés dans l’air intérieur des bâtiments lors de l’occupation peuvent provenir des matériaux de second œuvre et de finition, des équipements et systèmes de CVC (dimensionnement, mise en œuvre, entretien) ou encore des comportements des usagers, etc.

Si le choix des produits de construction et notamment ceux de finition est essentiel pour limiter l’exposition des futurs occupants aux polluants gazeux, il n’est pas suffisant si au cours du chantier, le contrôle de la mise en œuvre de ces produits n’est pas effectué. D’autres paramètres, comme la maîtrise de l’humidité, ont également une influence importante pour la qualité de l’air du bâtiment.

Les enjeux du chantier pour la QAI

On a trop longtemps sous-estimé l’impact du chantier sur la qualité de l’air intérieur. Et pourtant, lors des campagnes de mesures de qualité de l’air réalisées à la réception des bâtiments ou pendant l’exploitation des bâtiments, des polluants, non présents dans la composition des produits mis en œuvre, peuvent être retrouvés. Par exemple, dans un établissement d’enseignement, suite à la pose d’un revêtement de sol souple, les occupants évoquaient des gênes liées à la présence d’une odeur persistante, source de désagréments. Des mesures de qualité de l’air intérieur ont été réalisées et ont révélé la présence de 2-éthyl-1-hexanol (2EH), composé issu d’une réaction d’hydrolyse entre un composant de la colle et l’humidité du support. Ce phénomène met en évidence l’importance de la maîtrise de l’humidité sur les chantiers. Le rôle des compagnons sur le chantier est donc essentiel pour la qualité de l’air des bâtiments. Il est nécessaire dès aujourd’hui, de les former et de les accompagner vers les bonnes pratiques pour la QAI.

Les Ateliers AIRBAT®, un concept innovant pour la sensibilisation des entreprises à la QAI

Pour pallier les freins identifiés concernant les formats de formation classiques destinés aux professionnels du secteur BTP, les Ateliers AIRBAT® proposent un format pédagogique innovant pour s’adapter aux contraintes actuelles des professionnels du secteur. L’objectif est d’offrir une sensibilisation innovante et pratique aux acteurs du bâtiment pour appréhender les enjeux de la qualité de l’air intérieur et améliorer les pratiques sur le chantier. Ce concept est avant tout destiné aux entreprises de la construction et de la rénovation qui doivent aujourd’hui s’approprier cette thématique encore trop souvent méconnue.

Un support pédagogique adapté aux chantiers

Un atelier AIRBAT® se compose de trois temps permettant d’aborder différentes thématiques autour de l’air intérieur.

La première partie d’un atelier est destinée à faire comprendre brièvement aux entreprises les enjeux de la QAI à l’aide de posters A3 sur lesquels apparaissent des images clés pour chaque sujet. Un brainstorming est réalisé avec les participants pour identifier les polluants de l’air intérieur, les sources et les risques sanitaires associés. Un focus est fait sur les différents outils permettant de choisir des matériaux faiblement émissifs et notamment l’étiquetage obligatoire des produits de construction et les labels.

Le deuxième temps des ateliers est consacré aux bonnes pratiques. Trois films courts, d’une durée de 5 minutes, sont diffusés et portent sur trois thématiques : la maîtrise de l’humidité sur le chantier, la performance du renouvellement d’air, la garantie et le contrôle des faibles émissions de COV. Les films sont construits autour de trois séquences :

- Une présentation des situations qui font apparaître des désordres
- Les conséquences sanitaires de ces désordres
- Les bonnes pratiques sur le chantier

Le troisième temps est dédié aux échanges et retours d’expérience de chaque participant.

Des retours d’expérience positifs

Dans le cadre de l’expérimentation de ce concept, six ateliers AIRBAT® ont été réalisés entre 2016 et 2017. Les retours étaient globalement très positifs. L’un des points forts identifié est le format qui a été fortement apprécié par les entreprises, la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre.

Du côté de la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre, ils sont convaincus de l’importance de la phase chantier sur la qualité de l’air intérieur du futur bâtiment. Pour eux, la montée en compétence des entreprises sur la QAI dépend en partie de la motivation du maître d’ouvrage. La présence d’un AMO formé à la qualité de l’air intérieur semble nécessaire pour vérifier la mise en œuvre des bonnes pratiques sur le chantier.

Concernant la temporalité des ateliers, la fréquence de deux ateliers par chantier semble la plus pertinente pour toucher et sensibiliser le plus grand nombre de corps d’état. L’un pourrait être réalisé à la fin du gros œuvre et l’autre juste avant l’intervention des lots du second œuvre.

L’un des freins identifiés au cours des expérimentations et sur d’autres chantiers est la typologie des participants à ces ateliers de sensibilisation. Pour évoquer les bonnes pratiques pour l’amélioration de la qualité de l’air intérieur sur le chantier, il est important que ce soit les compagnons qui mettront en œuvre les produits et les équipements qui participent à ces ateliers. L’un des principaux enjeux est donc de trouver une solution pour que l’ensemble des compagnons suivent ces ateliers de sensibilisation et pas seulement les coordonnateurs de chantier ou les chefs d’équipe.

Un article signé Souad Bouallala (Ingénieure ADEME Service SEQA) et Claire-Sophie Coeudevez (Directrice de Medieco)